Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Ceux qui ont manqué l’exceptionnelle exposition que le musée du Quai Branly vient de consacrer aux arts du Sepik (octobre/février 2016), nom du fleuve qui traverse cette vaste région du nord de la Papouasie Nouvelle-Guinée, retrouveront dans cet ouvrage le principe de contextualisation qui a organisé la mise en espace des 230 objets exposés. Les pièces collectées entre 1888 et 1914 essentiellement par des scientifiques allemands, l’Allemagne étant alors la puissance coloniale, sont présentées en fonction des liens trouvés « entre des objets, leurs usages et le monde des ancêtres » ; attribuant à chacun un espace spécifique. Entre le village et la forêt, territoire réservé aux hommes, les objets étaient destinés à ces deux activités essentielles : la guerre et la chasse ; l’horticulture relevant plutôt d’un partage des tâches entre hommes et femmes inspiré par notre reproduction sexuée.

Crânes surmodelés papous, Sepik, Papouasie Nouvelle-Guinée © www.philippepataudcélérier.com
Crânes surmodelés papous, Sepik, Papouasie Nouvelle-Guinée © www.philippepataudcélérier.com

Parmi les espaces analysés, la maison familiale et espace des femmes, avec ses objets de la vie courante comme ces nombreux crochets qui servaient à suspendre les paniers et ce qu’ils contenaient (nourriture, biens précieux) hors de portée des nuisibles. La maison des hommes, lieu de débat et de réunion mais aussi lieu de manifestation des esprits lors des rituels d’initiation était un panthéon obscur digne d’un lieu de culte imposant. Avec ses pupitres d’orateur, ses crânes trophées, ses tambours à fente, il traduisait au delà de son pouvoir d’énonciation qu’on imagine redouté et rassurant, par l’idée même qu’il pouvait être redouté par d’autres, l’organisation sociale de toute la communauté.

Philippe Pataud Célérier

Sous la direction de P. Peltier, M. Schindlbeck, C. Kaufmann, Paris, Musée du Quai Branly/Skira, 2015, 354 pages, 45 €.

Paru dans le Monde Diplomatique, mai 2016

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